Il zigne, elle zigne, ils/elles zignent…

On a tous déjà vécu/vu cette situation où un chien (peut-être le nôtre) se met à zigner (Par le verbe «zigner», j’implique ici du chevauchement) un autre chien, une jambe d’un invité, une peluche ou même une patte de table. Y a-t-il quelque chose de plus gênant que quand notre chien ne s’enligne même pas comme il le faut ? Permettons-nous donc de douter de la volonté de reproduction qui peut être lié à ce comportement qui est, soyons honnête, plutôt dérangeant, mais qui peut aussi provoquer de bons fous rires. Cet article a pour but de démystifier un peu ce qui se cache derrière ce comportement et ainsi, la prochaine fois que votre chien zignera (non, ce verbe n’existe pas réellement, mais à la fin de cet article, il devra être admis dans le dictionnaire!), vous saurez comment intervenir!

Tout d’abord, réglons cette affaire. Un chien qui zigne n’exprime pas un comportement de dominance envers qui ou quoi que ce soit. Et voici le pourquoi du comment :

1. Ce ne sont pas tous les chiens qui expriment le comportement de « zigner ». Si c’était un comportement si utile pour montrer qui est le « boss », on le retrouverait chez tous les chiens, comme le grognement.
2. (pour poursuivre un peu le premier point) Si c’était réellement une façon de montrer de la dominance, on retrouverait ce comportement dans les conflits au même niveau que les grognements, le corps bombé et/ou montrer les dents. Étrangement, lors d’un conflit de «qui est-ce qui va avoir l’os», je n’ai encore jamais observé un chien qui a osé s’approcher de l’autre pour zigner… Il y aurait bien trop à perdre pour le zigneur! Pourtant, c’est lors de ces conflits qu’un chien motivé tente plusieurs techniques pour ressortir vainqueur.
3. Si votre chien essaie de « dominer » sa peluche ou la patte de table, je n’y comprends plus rien.

Bien sûr, vous comprendrez que j’y mets une petite touche d’humour afin de démanteler ce raisonnement qui circule encore beaucoup trop à mon goût. Allons-y donc de cette façon :

Essayez de vous rappeler les contextes dans lesquels votre chien a zigné. Était-ce au parc à chiens en présence de plein d’amis tous aussi bien énervés ? Était-ce en présence d’un chiot qui courait et sautait partout ? Était-ce à l’arrivée de la visite qu’il aime beaucoup ou qu’il ne voit pas souvent ? Était-ce pendant ou après une période de jeu ?

Si une ou quelques-unes de ces questions vous mettent la puce à l’oreille et bien nous allons essayer d’y voir clair ensemble. Qu’est-ce que ces situations ont tous en commun ? De l’excitation. Et oui. C’est aussi simple que ça. Votre chien est sensible à l’excitation et le zignage est pour lui un exutoire normal pour se calmer (ou même pour calmer un autre chien).

Donc, lors d’une situation où votre chien monte en excitation, il se peut qu’il arrive à un moment où le bouchon saute et pouf, il zigne. Je vous laisse observer par la suite la descente d’émotion qui se produit. À noter que l’excitation peut provenir de plusieurs sources émotionnelles : la joie (la plus commune), mais aussi l’anxiété.

Je vous entends d’ici : « Isshhhh, où est-ce qu’elle s’en va avec ça ? ». C’est assez simple. Nous avons tous une manière de faire sortir notre surplus d’excitation lors de situations intenses. Si vous gagniez le gros lot, ne me faites pas croire que vous ne seriez pas en train de sauter, courir ou crier ! Alors voilà notre équivalent du zignage pour humain ! Pourquoi est-ce que nous ne zignons pas comme le chien le fait ? J’émettrais l’hypothèse que nous apprenons très jeune ce qui est accepté ou pas dans notre société, et clairement, se précipiter sur notre voisin pour zigner ne ferait pas partie des comportements acceptables. De plus, le chien a un plus petit répertoire de comportements que nous et la distinction entre l’excitation émotionnelle versus sexuelle n’est peut-être pas aussi bien définie que pour l’humain. Donc, un chien qui ne s’est jamais fait corriger par un de ses confrères n’aura pas la possibilité d’apprendre que ce comportement est inadéquat. Par exemple, dans le contexte d’un chiot qui a été séparé de sa mère vers l’âge de 8 semaines, nous savons que son apprentissage comportemental est incomplet et qu’il y a encore beaucoup à faire. Il est donc important de choisir une bonne maternelle et de favoriser les bonnes expériences de socialisation. Ces bonnes expériences doivent inclure des moments de « correction » par un chien éducateur. Si votre chiot tente de zigner ce chien, le chien éducateur lui fera savoir que ce n’est pas la chose à faire. Bien sûr, il faut s’assurer d’abord et avant tout que l’autre chien est capable de bien gérer la situation !

Tout d’abord, le zignage est beaucoup moins « engagé » qu’une intention sexuelle. L’agrippement devrait être moins fort et il sera facilement possible de retirer le zigneur du zigné (je vous le dis, je fais le tour du lexique du terme zigner!). Un chien qui a une réelle intention sexuelle n’acceptera pas de se faire tasser et manifestera des signaux de désaccord comme des grognements ou montrer les dents. De plus, le zignage ne sera normalement pas accompagné d’une érection, contrairement au comportement sexuel. Ensuite, un chien qui zigne ne s’enligne pas nécessairement là où il le faudrait pour avoir une relation sexuelle. Certains zignent par le côté, d’autres en profitent si l’autre chien est couché pour lui embarquer sur la tête… Mettez ça comme vous le voulez, ce n’est pas comme ça que l’abeille butine la fleur ! Finalement, le zignage se produit majoritairement dans une situation où le chien vit une montée d’excitation, comme une période de jeu, ou en présence d’un autre chien trop énervé. Il ne faut pas oublier que votre chien peut être sensible à l’énergie dégagée par un confrère. Si votre chien est plus calme et qu’un autre chien se pointe avec une surdose d’excitation, il est possible que votre chien se mette à le zigner. C’est un peu comme un « Calme-toi le pompon !».

Si jamais votre chien se met à zigner un autre chien, et que celui-ci ne gère pas la situation, vous pouvez toujours le séparer. Cependant, il vous faudra rediriger son attention et son excitation vers quelque chose d’autre. Si vous avez un jouet en main, utilisez-le afin que votre chien puisse le mordre ce qui l’apaisera certainement (la mastication/morsure libère des endorphines dans le cerveau du chien). Sinon, aidez-le à réduire son excitation en redirigeant avec de la stimulation mentale (des commandes simples – assis, debout, coucher – et pas trop demandantes !).

J’espère que cet article vous aura aidé à démystifier une autre partie du comportement de votre chien ! N’hésitez surtout pas à partager votre nouveau savoir avec d’autres propriétaires ! Si jamais vous avez des questions, la section « commentaires » est là pour ça!