Apprendre l’obéissance ou de nouveaux tours à son chien est non seulement amusant, mais également une sympathique façon de lui faire dépenser son énergie. Dans un monde où l’on passe beaucoup de temps au travail, à faire les courses, les repas, les devoirs et j’en passe…prendre quelques minutes de son temps dans la journée pour lui apprendre un petit tour pourrait vite devenir un rituel plaisant autant pour lui, que pour vous !

Voici quelques conseils utiles et efficaces afin de vous aider dans vos enseignements.

  1. Bien utiliser la nourriture, quelques étapes simples, mais efficaces.

  • Utiliser la nourriture comme un leurre afin de positionner votre chien selon la demande enseignée

La toute première étape est d’utiliser la nourriture comme un leurre afin de placer votre chien dans la direction/position souhaitée. Cette première étape favorise l’apprentissage sans contrôle ou force. Il a longtemps été enseigné (et même encore de nos jours malheureusement) de mettre une pression avec sa main sur les fesses du chien afin qu’il adopte la position assisse alors qu’en fait nous voulons absolument éviter cela. Pourquoi ? Simplement parce qu’en forçant votre chien à faire un mouvement, celui-ci pourrait faire une association négative entre la pression exercée sur ses fesses et la demande elle-même.

Par ailleurs, si le chien est en douleur au niveau des hanches/articulations dû à une croissance trop rapide ou à de l’arthrose, il pourrait alors devenir irritable et souffrir à force de subir cette pression. Laissez votre chien se placer et apprendre de lui-même est la meilleure façon d’enseigner un nouveau comportement dans le respect.

Pour la demande assis par exemple, on viendra placer la nourriture au niveau de son nez, puis on la reculera entre ses deux yeux au niveau des oreilles et presque automatiquement, les fesses de votre chien toucheront au sol afin de suivre la gâterie. À ce moment précis, vous pouvez donner le leurre en récompense à votre chien.

Il est recommandé d’utiliser la nourriture comme un leurre entre 5 et 15 fois pour apprendre un nouveau comportement.

Pourquoi on ne dit pas tout de suite le mot «assis» lorsque l’on apprend la demande aux chiens ? C’est parce qu’ils ne savent pas encore ce que le mot signifie soit le «mouvement». Lorsque le chien connait bien le signe de la main, à ce moment-là commencez à introduire le mot.

  • On enlève le leurre

La 2e étape consiste à retirer le leurre, lorsque seulement, votre chien se place bien au mouvement de votre main 80% du temps. Puis, dès que le chien effectue la bonne position ou mouvement, offrez-lui sa récompense avec votre autre main. La nourriture ne devra pas être montrée à votre chien avant de faire votre mouvement de la main (vous pouvez la garder dans votre dos).

Il est recommandé de récompenser systématiquement chaque bon comportement avec la nourriture environ 150x, ce qui équivaut à environ 1 semaine de pratiques.

À cette étape, vous pouvez commencer à introduire le mot «assis» en l’associant au mouvement de votre main.

  • Le renforcement aléatoire

Le renforcement aléatoire est très puissant ! En effet, qui n’a jamais joué à des jeux de hasard dans l’espoir de gagner ?! En fait, l’anticipation créée lors du renforcement aléatoire libère dans le cerveau du chien de la dopamine, qui est reconnue pour favoriser les apprentissages.

Récompensez aléatoirement avec la gâterie votre chien qui fait la demande en débutant plus facilement. Par exemple, récompensez 1 fois sur 2, puis sur 3, puis sur 4 et ainsi de suite. Pour ma part, après 1 fois sur 10, je fais du renforcement aléatoire de mon renforcement aléatoire ! Je m’explique ; parfois, je récompense le chien 1 fois sur 2, la fois suivante il obtiendra la nourriture après 7 bonnes réalisations, la suivante sera après 2 et ainsi de suite.

À ce stade-ci, si votre chien ne fait pas la demande à un moment, il est important de ne pas sortir la gâterie pour la lui montrer. Sortir la gâterie à ce moment précis apprendra à votre chien que lorsqu’il ne voit pas de nourriture, il n’a qu’à ne pas faire la demande afin de s’assurer de l’obtenir. Malins ces chiens ! Portez donc une attention particulières pour ne pas tomber dans le piège de la gâterie.

2. La règle des 4 D

Maintenant que votre chien sait faire la nouvelle demande, il est temps de venir solidifier cet apprentissage. Pour ce faire, nous ajouterons de la Distance, de la Durée, de la Distraction et de la Diversité.

La Distance

La Distance signifie l’espace qui vous sépare de votre chien lors de la demande. Par exemple, vous demandez à votre chien de s’asseoir et de rester à un endroit précis. Puis, vous reculez de quelques pieds et lui demandez par la suite de se coucher alors que vous n’êtes plus près de lui. Nous vous recommandons d’avoir 80% de réussite dans vos pratiques avant d’ajouter encore plus de distance.

La Durée

La Durée est le temps réalisé à faire la demande. Par exemple, vous demandez à votre chien de s’asseoir, il le fait 2 secondes et se relève automatiquement. La façon la plus simple d’apprendre à son chien à rester en position demandée est d’attendre avant de lui donner la récompense. Vous pourrez alors progressivement augmenter le temps, seconde par seconde.

Tout comme la distance, nous souhaitons avoir un taux de réussite de 80% avant d’ajouter du temps supplémentaire. Votre chien se relève plus tôt que prévu ? C’est probablement que vous avez augmenté le temps trop rapidement. Simplement refaire la demande avec quelques secondes de moins afin de vous assurer de la réussite de votre compagnon.

La Distraction

La Distraction doit être classée sur une échelle de 1 à 10 en fonction de ce qui distrait le moins le chien et le plus. Par exemple, travailler un assis avec la télévision allumée pourrait être une distraction de niveau 1 et travailler un assis avec un chien à côté d’un autre chien pourrait être une distraction de niveau 10.

Évidemment, cette échelle est en fonction de votre chien. Travaillez avec votre chien dans un endroit connu, calme et peu stimulant au début d’un nouveau comportement facilite grandement l’apprentissage. Cependant, il faut lui apprendre à faire votre demande, peu importe la distraction qui sera près de lui, car en situation réelle dans la rue par exemple, il y en aura beaucoup. Imaginez-vous à l’automne avec toutes les feuilles mortes qui virevoltent autour de vous !

La Diversité

La Diversité ou généralisation signifie simplement que lorsque vous demandez à votre chien de faire une demande par exemple de s’asseoir, cela signifie la même chose, peu importe la situation ou l’endroit où vous vous trouvez.

Lorsque nous entraînons notre chien à la maison, nous sommes souvent la même pièce. Ce qui est excellent afin d’apprendre un nouveau tour, puisqu’il s’agit d’un environnement connu pour votre chien et qui présente peu de distractions.
Toutefois, lorsque vous serez satisfait des réussites de votre chien, il sera important de généraliser ces mêmes demandes dans différents lieux. Par exemple, dans une autre pièce de la maison, dans la cour extérieure, devant la maison, sur le coin de la rue, etc.

Petit conseil pour maximiser les réussites :
avant de faire une séance d’entraînement dans un nouveau lieu, laissez votre chien faire le tour de ce nouvel endroit et analyser cet environnement qu’il ne connait pas. Il sera plus calme et moins distrait lors de vos demandes, car il aura eu le temps de prendre les informations sur ce lieu.

En rafale

  • À l’extérieur, débutez dans un endroit moins fréquenté
  • Ayez un haut taux de renforcement
  • Utilisez des friandises de plus grande valeur
  • Diminuez les distractions. Par exemple ne pas se tenir dans un stationnement avec plein de gens et de voiture, mais restez en retrait.
  • Renforcez un comportement plus facile lors d’échecs à répétitions. Lorsque vous êtes à généraliser un nouveau comportement dans un nouvel environnement et que les distractions sont trop importantes, votre chien peut avoir de la difficulté à se concentrer. Pour éviter les échecs multiples, demandez-lui de faire quelque chose qu’il sait très bien faire.
  • Diminuez vos exigences quand vous commencez à généraliser un comportement dans un nouveau lieu. Renforcez votre chien pour vous avoir offert le comportement même s’il n’est pas parfaitement exécuté comme à l’habitude. Vous pourrez augmenter graduellement vos critères au fil des pratiques.

3. Les demandes claires

Fido assis, non vient ici, reste, bouge pas, Fido, Fido, Fido! Ce que vous voulez n’est pas toujours clair pour votre chien. Prenez le temps de savoir ce que vous souhaitez demander avant de le formuler à votre chien vous aidera à prévenir la confusion et les échecs.

Lorsque vous faites une demande à votre chien, évitez de répéter plusieurs fois celle-ci s’il ne s’exécute pas. Plus vous répétez, plus votre demande se fondra dans les bruits de fond. Pensez au ventilateur de la cuisinière ou à un ventilateur que l’on entend très bien lorsque nous la partons et puis quelques minutes plus tard, notre cerveau n’y fait plus attention et nous arrivons à l’oublier. Évidemment, on ne veut pas que cela se produise avec nos demandes. Alors, éviter de répéter vous aidera à mieux vous faire entendre!

Pour vous assurer que votre chien fait votre demande, assurez-vous qu’il la comprenne bien, sinon diminuez votre niveau d’exigence pour avoir un taux de renforcement plus élevé.

Enseignez un signal libérateur à votre chien afin de lui mentionner que l’exercice est terminé. Cela peut être : libre, free, etc. Dès que votre signal de libration est prononcé, encouragez votre chien à bouger. Il comprendra alors qu’il est libre de se déplacer comme bon lui semble.

Pour terminer

Si vous souhaitez obtenir encore plus de conseils et astuces pour faciliter vos entraînements, procurez-vous notre Guide d’entraînement complet.

La façon dont nous ressentons les événements, nos émotions vécues au moment précis de l’entraînement ont une influence importante sur le comportement de votre chien. N’avez-vous jamais remarqué que plus on est fâché après son chien alors qu’il ne revient pas, moins il revient vers nous !

Nos émotions façonnent nos réactions. Ceci dit, l’intonation de notre voix, notre regard, la façon de bouger notre corps et nos mains en fait tout notre corps envoie des signaux à notre chien qui est très sensible à ces signaux puisqu’ils vivent dans un monde sensoriel : perception visuelle, olfactive et auditive. Ils perçoivent donc les plus petites modifications dans nos humeurs par exemple notre respiration.

Alors si vous sentez que ce n’est pas le bon moment pour entraîner votre chien, reporter la séance pourrait éviter les conflits, les échecs et les frustrations des deux parties.

Sources :

  1. Formation en Entraînement et Comportement Canin, par Jean Lessard, 2014
  2. J. Dehasse, Mon chien est heureux, 2009
  3. Drayton Michaels, The three D’s of dog training and why you need to know about them : http://www.dogstardaily.com/blogs/three-d%E2%80%99s-dog-training-and-why-you-need-know-about-them
  4. K. Overall, Manual of clinical behavioral medicine for dogs and cats, 2013
  5. Formation (14h) «Perspectives modernes sur le comportement, la cognition et la motivation canines» par Dr Simon Gadbois, Ph.D. Éthologue et Neuroscientifique