On dit que la première impression qu’on a de quelqu’un va grandement influencer notre opinion de celle-ci par la suite. Et bien si c’est vrai pour nous, ce l’est encore plus lorsque vient le temps de présenter deux animaux, surtout s’ils sont d’espèces différentes. Chaque espèce ayant sa propre façon de communiquer, il est possible qu’un chien et un chat aient de la difficulté à se comprendre au départ. Leurs langages corporels possèdent quelques similitudes et leurs capacités d’adaptation permettent de parvenir à se comprendre et à cohabiter, du moins avec l’individu de l’espèce opposé qu’ils connaissent!

Les scientifiques conviennent que les chiens arrivent probablement à reconnaître les chats en tant qu’espèce, car, somme toute, peu de différences existent dans l’apparence et le gabarit des chats. Inversement, il est probablement plus difficile pour les chats de généraliser en raison de la grande variation de taille et d’apparence qu’on observe chez l’espèce canine.

La socialisation à l’autre espèce effectuée en bas âge a donc un fort impact sur la tolérance des parties l’un vis-à-vis l’autre dans un contexte domestique. Il faut toutefois garder en tête que même si le chien a déjà été socialisé à l’espèce féline, il peut être réactif si on tente d’introduire dans son environnement un chat d’une couleur différente du compagnon félin qu’il connaît. Il se pourrait aussi que, selon le contexte, la motivation du chien à pourchasser le chat soit plus grande que celle à répondre à un commandement comme le «assis» ou le «reste». ll faut toujours traiter la première rencontre comme si le chien n’avait jamais vu de chats de sa vie.

Adapter la maison

Dans une maison, le chien occupe majoritairement la surface au sol et le chat les trois dimensions de l’espace. Les chats aiment observer leur environnement à partir d’un poste en hauteur. Il est donc primordial d’en fournir beaucoup et qu’ils soient faciles d’accès pour le chat en plus d’être inaccessibles pour le chien, et ce, dans toutes les pièces. Ainsi, le chat pourra observer le compagnon canin à sa guise et, surtout, demeurer hors de son atteinte s’il le désire, et ce, où qu’il se trouve. S’il sait qu’il y a un lieu sûr dans chaque pièce, il se déplacera plus aisément dans son environnement plutôt que de rester cantonné dans une pièce sans jamais oser en sortir !

Une attention particulière doit être portée à l’emplacement des bacs à litière. Il ne faudrait pas que le chat soit importuné par la présence du chien lorsqu’il va y faire ses besoins. Les bacs doivent donc être inaccessibles pour le chien, autant pour le respect du chat que pour éviter des petites collations impromptues… pour le chien! Une barrière pour enfant peut être suffisante pour restreindre l’accès à une pièce de la maison selon la taille du chien. Toutefois, s’assurer que le chat est capable de sauter par-dessus et que l’accès ne donne pas lieu à des embuscades de la part du chien. L’emplacement de la nourriture et de l’eau doit également être choisi afin qu’il soit à l’abri du canidé. Le meilleur endroit est, encore une fois, en hauteur !

Le moment des présentations

Sachant que nos animaux ne communiquent pas avec le même langage verbal et corporel, que de nouvelles rencontres signifient souvent «première impression» et que celle-ci est garante du contexte, il est bon de prendre quelques dispositions.

Le chat doit avoir la possibilité de fuir en tout temps. Il est donc fortement déconseillé de tenir le chat dans les bras ou de le mettre en cage. Restreindre un chat qui a peur contribuera à augmenter sa crainte envers le chien. Cependant, il en est autrement pour ce-dernier, car la laisse est souvent associée à quelque chose de très plaisant. En effet, il recommandé de restreindre le chien, uniquement par mesure de sécurité. Si le chien est habitué à la cage, on peut aussi l’utiliser. Ainsi, le chat pourra s’approcher à sa guise pour observer le chien. Toutefois, il ne faut jamais réprimander le chien via la laisse ou la cage, car cela pourrait simplement faire une association désagréable avec le chat et créer des problèmes sérieux. L’utilisation de laisse ou de la cage, n’est donc qu’une précaution pour éviter que le chat se fasse pourchasser.

Comment procéder

Il est important de se faire aider pour cette méthode. Idéalement, être deux personnes, une s’occupe du chat et l’autre du chien. Laisser le chien se dépenser amplement avant de commencer l’exercice, il sera peut-être moins agité à la vue du chat. Ne pas oublier de tenir la laisse et de ne jamais s’en servir pour réprimander.

Sélectionner, pour chaque animal, des aliments fortement appréciés qui seront offerts à chacun par la personne responsable (pâté, gâteries, etc.)

Étape par étape

1.En l’absence du chien, encourager le chat à s’installer sur une surface en hauteur, dans un arbre à chat par exemple. Ne pas le tenir ou le retenir, lui laisser la possibilité de fuite en tout temps. Ensuite, lui offrir la nourriture et lui laisser le temps de commencer à déguster.

2. Introduire le chien en se positionnant le plus loin possible du chat, mais de manière à ce que les animaux puissent se voir. Offrir à nouveau le festin sélectionné pour chacun.

À partir d’ici la stratégie est différente pour les deux animaux.

3. LE CHIEN : Le chien doit s’habituer non seulement à la présence du chat, mais doit apprendre comment se comporter (ne pas le chasser par exemple). Il faut donc veiller à garder le chien calme. S’il devient agité ou veut aller vers le félin, ramener son attention vers la personne qui tient la laisse. Cette dernière doit toujours demeurer le point de repère du chien et il doit s’en remettre à elle pour savoir quel comportement adopter. À chaque fois que le chien est calme, a des comportements souhaitables et ignore le chat, utiliser les gâteries afin de le récompenser.

4. LE CHAT : Ici c’est l’inverse. Nous voulons que le chat associe tout rapprochement au chien avec quelque chose d’agréable et tolère sa présence sans en avoir peur. On doit donc récompenser le chat de rester où il est lorsque le chien est présent et même récompenser tout rapprochement volontaire de sa part. On utilise la nourriture pour y parvenir: si le chat fuit ou ne mange pas, c’est qu’ils sont trop près.

5. IMPORTANT-Il est primordial que les rythmes d’adaptation individuels soient respectés. Chaque individu doit être à l’aise en présence de l’autre à la distance de départ. S’il n’est pas possible de les éloigner davantage, dissimuler le chien derrière un objet de grande taille à retirer graduellement selon le niveau de confort (une boîte ou une chaise recouverte d’une couverture sont de bons exemples). Progressivement, la personne responsable du chien tenu en laisse pourra se rapprocher du chat. On doit attendre que les deux animaux soient calmes avant de réduire la distance entre les deux. Un animal à l’aise ne fuira pas et continuera de manger. Si le chat feule ou gronde, c’est qu’il n’est pas à l’aise, faire reculer le chien jusqu’à ce que le chat cesse et recommence à manger. Il ne faut jamais réprimander un chat ou un chien qui gronde. Ces sons servent à exprimer le désir de distancement et cela fait partie de la communication que chaque individu doit apprendre.

Plusieurs séances sont requises pour respecter les limites des deux futurs compères. Il faudra alors isoler le nouvel arrivant entre les exercices. Il n’est pas rare que ce genre d’introduction s’étale sur 7 à 14 jours et se prolonge parfois pendant 3 à 6 mois selon les individus. Il est important de noter que beaucoup de propriétaires, étant impatients de voir leurs animaux interagir, vont trop rapidement dans l’application de cette méthode. Faire cet exercice 3 à 5 fois par jour sur un minimum de 5 jours est fortement suggéré.

Ultimement, selon le niveau de réactivité du chien, on pourra lui demander de faire un comportement qu’il connaît déjà (assis, couché, toucher une cible), lorsque le chat est présent, en échange d’une récompense. Il sera alors plus facile de rediriger son attention, car la vue du chat va prédire l’apparition de gâteries s’il fait le comportement demandé.

N.B. Ces techniques sont des méthodes de base. Il est déconseillé d’introduire un chien qui a déjà agressé un chat. Les risques de récidives sont très importants. De plus, selon la personnalité de vos animaux et leurs expériences de vie, il est possible que vous ayez besoin de conseils adaptés à votre situation ou de l’assistance d’un spécialiste en comportement canin et/ou félin.

Cet article a été écrit par Daniel Filion, Éduchateur

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