Et si les chiens avaient un

#JeNeVeuxPas …

Un problème de communication

La communication, c’est la base de toute bonne relation. Que ce soit d’homme à homme, ou d’homme à chien. Malheureusement, les chiens n’ont pas évolué comme les humains et ne peuvent donc pas nous parler. Combien de fois avez-vous rêvé que votre chien puisse vous dire à quoi il pense? Cet article a pour but de vous aider à décoder et élucider le mystère de la communication canine.

Le langage canin est majoritairement non verbal, mis à part les épisodes de vocalisation (jappements), de pleurs ou de grognements. Le chien utilise donc son corps pour communiquer ses intentions. Comprendre les postures de notre chien est essentiel pour entretenir une bonne relation avec lui. Celles-ci nous permettent de déterminer si le chien a peur, s’il est joyeux, en colère ou triste, ou peut-être peut-il être ambivalent entre deux émotions. En comportement canin, nous distinguons deux types de postures: les postures basses, associées à la peur et la tristesse[1], et les postures hautes, associées à la joie et la colère. Voici quelques indications pour vous aidez à les reconnaître:

Déjà avec ces postures, il est possible de savoir l’émotion du chien, ou du moins d’en avoir une bonne idée lors des manipulations. Si votre chien est dans la joie absolue et se tourne sur le dos pour se faire gratter la bedaine, et bien vous avez fait un bon travail en gardant l’expérience positive! Si par contre, vous êtes parmis les nombreux propriétaires avec un chien soi-disant bougon ou timide, sachez que la situation peut s’améliorer.

Il ne bouge pas… alors il accepte ou non?

En bas âge, les chiens apprennent la posture d’immobilité grâce aux parents et à la socialisation avec d’autres chiens. Les chiens utilisent cette posture afin de faire une demande d’arrêt de toute interaction sociale (A). On la retrouve bien souvent dans le jeu, dans une situation de conflit, de menace ou d’agression. Contrairement aux croyances, cette posture ne se fait pas seulement qu’en se couchant sur le côté en exposant la gorge et en écartant les membres postérieurs. L’immobilité peut se faire en posture haute ou basse, et donc debout, assis, ou couché (et pas nécessairement sur le dos). Voici un vidéo qui vous permettra d’observer cette posture sous plusieurs formes:

Dans cette vidéo, il est possible de voir que les deux chiens font des pauses dans le jeu. Le chien blanc les demande en restant immobile au sol, tandis que le Berger Allemand reste debout, mais s’immobilise aussi. Ces arrêts sont essentiels dans le jeu des chiens. Ils permettent de redescendre le niveau d’excitation et de mieux contrôler les épisodes de jeu.

L’immobilité est donc la première demande d’arrêt que le chien essaiera. Elle est souvent accompagnée d’un détournement de tête et de regard. Si votre chien s’immobilise, ce n’est donc pas qu’il vous donne son accord pour le manipuler, mais plutôt l’inverse. La prochaine fois que vous voyez des chiens interagir entre eux, profitez-en pour aiguiser votre oeil !

Si votre chien vous démontre encore plus de signaux, comme des grognements ou qu’il montre ses dents, alors là, le message est assez clair. Mais sachez qu’il est possible encore une fois d’aider votre animal à apprécier vos élans d’amour. Un petit truc pour y arriver: servez-lui quelques récompenses lorsque vous présentez votre main. Votre chien aura alors l’opportunité de créer une nouvelle association, et ce, dans la joie, plutôt qu’être en colère, car il se fait déranger. Petite mise en scène: si quelqu’un vous dérange pendant un moment de grande concentration au travail simplement pour vous raconter son rêve étrange qu’il a fait la nuit passée, vous allez lui en vouloir et potentiellement être fâché. Par contre, s’il vous interrompt en vous remettant un billet de 100$ et vous raconte son rêve, vous lui pardonnerez plus facilement, n’est-ce pas?

Une histoire de consentement

Afin de s’assurer que votre chien a envie de se faire manipuler, il est possible de faire un test de consentement avec lui. Ce test vous aidera à déterminer si vos caresses ou manipulations sont les bienvenues. Voici les quelques étapes du test de consentement (B):

Étape 1:    S’installer dans un endroit connu du chien;

Étape 2:    Caresser le poitrail de votre chien durant 5 secondes;

Étape 3:    Retirer votre main et regarder la réaction de votre chien.

S’il vient chercher votre main à nouveau, c’est qu’il apprécie et consent à se faire flatter; en gros, il en redemande. S’il reste immobile et détourne le regard ou même s’il quitte la pièce, c’est qu’il préfère ne pas se faire flatter. À ce moment, ce serait une bonne idée de travailler en désensibilisation, et donc avec des billets de 100$ pour chien (récompenses) afin de changer l’émotion associée avec vos manipulations. Commencer avec des endroits plus facilement acceptables pour votre chien. Bien souvent, la poitrine et le dos sont de bons points de départ. Tranquillement, vous pourrez approcher votre main des zones plus sensibles, mais n’oubliez pas d’ouvrir le sac de gâteries pour ça!

Voici une vidéo pour le test de consentement

Et si je l’invitais?

Et oui, vous avez bien lu. Vous pouvez inviter votre chien à venir se faire flatter. Le concept est bien simple et parle de lui-même. Il suffit d’inviter ou proposer à votre chien avec une voix enthousiaste de venir vers vous. Rien ne vous empêche de l’attirer avec des récompenses pour que ce soit une expérience amusante pour lui. Ce genre d’invitation permet au chien de comprendre qu’il a la liberté de venir ou non; il n’a pas l’obligation de se faire flatter. On peut y aller d’une autre comparaison humain-chien: si votre meilleur ami vous appelle pour aller manger au restaurant, mais que vous êtes déjà en pyjama bien assis dans votre divan, l’invitation peut être tentante mais sans plus, et vous la refuserez probablement. On recommence la même chose mais cette fois-ci, il vous dit que c’est lui qui invite. Alors là, c’est possible qu’on se laisse acheter et qu’on fasse l’effort de s’y rendre. Mais on peut aussi en rajouter et dire que l’ami vous invite à manger votre plat préféré et que vous n’avez pas mangé depuis des heures. Et bien là vous sautez dans vos jeans et enfilez le premier chandail et hop au resto! Tout ça pour dire que travailler avec un chien, c’est un peu comme inviter un ami au restaurant contre son gré. Parfois, on travaille plus fort que d’autres parce que ça ne leur tente pas toujours quand nous on a envie, mais plus l’invitation est tentante et alléchante, plus on a des chances de succès.

jeneveuxpas La tristesse ne sera pas abordée dans cet article puisqu’elle entre peu en relation avec les problèmes de manipulation.

SOURCES

(A) Dehasse J. Tout sur la psychologie du chien. Odile Jacob. 2009.
(B) Anderson E. Does Your Dog REALLY Want to be Petted?. Web. 2016.